dimanche 11 avril 2010

Maurice Thorez

Dirigeant du PCF du temps de ses années dorées, il a exercé le pouvoir jusqu'à sa mort, connaissant plusieurs grandes étapes dans l’histoire du parti auquel il a donné sa vie. Cet homme aux origines modestes à su acquérir une compétence politique qui l’a fait devenir une des figures célèbres de la vie politique en France au milieu du XX siècle. Comment Maurice Thorez a-t-il assuré la pérennité du parti communiste en tant que parti majeur ?

1.De Noyelles-Godault au secrétariat général du Parti Communiste :l’ ascension d’un jeune ouvrier (1900-1931)
1.1 1900-1924 :de l’usine au parti
Elevé par une famille ouvrière chrétienne qui l’a adopté, Thorez fait sa communion et peut obtenir son certificat d’études en 1912, avant de commencer à travailler. Attiré par le socialisme, il adhère a la CGT et à la SFIO en 1919. Il rejoint vite la scission communiste ou il entre comme soldat révolutionnaire. Lors d’une permission à l’armée, il se découvre orateur en répliquant à un député socialiste. Il est envoyé par Souvarine avec une vingtaine de jeunes communistes en URSS pour parfaire son apprentissage.
1.2 1924-1931 :l’ascension de Thorez
Lié à Souvarine qui le fait monter dans la hiérarchie, il le laisse finalement se faire démettre et devient, en s’alliant a la Troïka soviétique, membre du comité central en 1925.Moscou envoie alors Eugen Fried pour l’épauler. Il s’engage contre la guerre au Maroc. Les affrontements se multiplient avec les dirigeants plus expérimentés comme Vassart ou Ferrat. Le conflit fut arbitré à Moscou en juin 1930. En sortit une nouvelle direction composée de Thorez (secrétaire général bien que ce titre ne fut pas employé publiquement). En 1931 il est officiellement secrétaire général, assisté de Frachon et Doriot.

2.Thorez et l’action Antifasciste (1931-1945)
2.1 1931-1939 apogée et discrédit
La crise des années 30 atteint son apogée le 6 février 34. Thorez en prend acte progressivement. Doriot propose l’ouverture :suivant la condamnation de Moscou Thorez l’exclut du PC ( Doriot ne s’en remettra pas…), avant de se raviser par nécessité. Alliance tout d’abord avec la SFIO de Blum, puis avec les radicaux sur proposition de Blum. Le Front Populaire est né, après le fameux discours de la main tendue aux catholiques, aux paysans. Durant le FP, première expérience gouvernementale du PC, Thorez adoucit encore son discours : »il faut savoir terminer une grève ». En 37 la première édition de Fils du Peuple est publiée par le Parti. Dans une autobiographie formelle, le livre présente un Thorez idéalisé : sa popularité est à son apogée. Cependant l’évolution des évènements changent la donne. La signature du pacte germano-soviétique et l’interdiction du PC par Daladier mettent le PC au ban de la république. Thorez fait cependant voter les crédits de guerre après les aggressions hitlériennes
2-2 La traversée du désert
En garnison, Thorez reçoit la directive de Moscou demandant sa désertion. Il déserte de fait et rejoint Moscou avec André Marty. Il est caché dans la banlieue de Moscou où il se fait appeler le « camarade Ivanov ». Pour le reste l’histoire est floue. Il aurait communiqué avec les dirigeants du parti jusqu’en 1941. Du reste dans l’édition de 47 de Fils du peuple on lit : "La direction du Parti prit la décision juste de me faire passer à l'activité clandestine… Le 4 octobre (1939), je repris ma place à la tête des militants communistes traqués et persécutés…En 1943, en ma qualité de membre du Bureau de l'Internationale, je participais à Moscou aux délibérations d'où sortit la dissolution…"
3.1945-1964 Apogée et déclin du Parti, passation lente du pouvoir
3.1 Homme de gouvernement, homme d’opposition
En automne 1944, peu de temps après le retour de Thorez en France, De Gaulle avait rencontré Staline à Moscou, et ce dernier, avait déclaré à propos de Thorez :"Ne vous fâchez pas de mon indiscrétion… je me permets de vous dire que je connais Thorez, et qu'à mon avis, il est un bon français; si j'étais à votre place, je ne le mettrais pas en prison… du moins pas tout de suite » De Gaulle avait alors répondu: "Le gouvernement français traite les français d'après les services qu'il attend d'eux." De Gaulle est donc nommé ministre de l’Armement après avoir été gracié. Il adoucit cependant le discours. Dans une interwiew au Times il signifie implicitement ses intentions démocratiques. Mais les ministres communistes sont exclus du gouvernement en 47. En dépit de l’entrée dans le Kominform, la direction de Thorez, qui fait entrer son épouse sur scène (discours anti-contraception, suspectée »d’épanouir la bourgeoise »,etc…), se veut modérée. Très certainement que Staline, ayant accompli sa zone d’influence, ait lâché du lest… Mais de plus en plus enclin au maintien de son influence, Thorez maintient sa ligne à sa mort. Il dissimule le rapport des Khrouchtchev sur les crimes et taxe les journaux de vouloir déstabiliser les militants lorsqu’ils le publient. Mais si Thorez garde une main de maître sur le parti, sa maladie l’affaiblit
3.2 Fin de règne
Victime d'une attaque le 10 octobre 1950, il part le 12 novembre se faire soigner en URSS, déléguant à Duclos, comme en 1940, la conduite des affaires du PCF. Duclos n'a jamais essayé de profiter de la situation pour évincer son camarade. C'est Duclos qui règle les évictions de Marty et de Tillon, et Thorez ne rentre en France le 10 avril 53 qu'après la mort de Staline, mais il repart bientôt, laissant à nouveau Duclos régler l'exclusion de Lecoeur, l'étoile montante du PCF depuis la période de la Résistance. Il est encore difficile de dire si l'affaire Lecœur est uniquement une affaire interne au PCF, Lecœur ayant été trop pressé de remplacer Thorez, où si, comme le pense l'historien Marc Lazar, Lecœur avait été chargé par Souslov de transmettre au PCF des critiques contre Staline, et que déjà Thorez, aux côtés de Molotov, se situe dans une attitude de résistance à la déstalinisation. Il finit néammoins par soutenir Khrouchtchev, notamment pour la répression des évènements de Hongrie en 56. Avant sa mort (1964), il fait d’ailleurs nommer Waldeck Rochet, Khrouchtchévien, au secrétariat géneral. Le 12 juillet 1964, il décède brutalement en mer Noire, sur un bateau qui l'emmenait passer ses vacances, comme chaque été, en URSS.

PS : Pour plus d’info, une bio(de qualité) est disponible sur Wikipedia.fr avec une chronologie interessante.

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