mercredi 9 juin 2010

Georges Pompidou

Fils d'enseignants, petit-fils de paysans, Georges Pompidou naquit le 5 juillet 1911 à Montboudif, village du Cantal. Il fit ses études primaires et secondaires à Albi. Après le baccalauréat, il prépara son entrée à l'École normale supérieure, à Toulouse puis au lycée Louis-le-Grand à Paris. Il intégra l'École en 1931 et ses années d'étudiant furent pour lui l'occasion de connaître la société et la vie culturelle parisiennes, de nouer de profondes amitiés comme celle qui le lia à Léopold Sédar Senghor et d'avoir une première approche de la politique auprès de la Ligue d'action universitaire républicaine et socialiste.
Reçu premier à l'agrégation de lettres en 1934 et diplômé de l'École libre des Sciences politiques, il accomplit ensuite son service militaire à Clermont-Ferrand en qualité d'officier de réserve. Après son mariage, il enseigna pendant trois ans au lycée Saint-Charles de Marseille avant d'être nommé au lycée Henri IV à Paris. Au début de la guerre, il fut mobilisé à Grasse puis envoyé en Lorraine avec le 141e régiment d'infanterie alpine. De retour au lycée Henri IV en juin 1940, il enseigna en hypokhâgne et en classe préparatoire à l'École Nationale de la France d'Outre-Mer.

I/ Entrée en politique

1) Rencontre avec de Gaulle et les années d’après guerre

Dès septembre 1944, ses liens d'amitié avec René Brouillet, rencontré dès la classe de khâgne, lui permirent d'entrer au cabinet du général de Gaulle, président du Gouvernement provisoire. Il y fut chargé de suivre les questions de politique intérieure et d'éducation. Au départ du Général en janvier 1946, Georges Pompidou fut nommé adjoint d'Henri Ingrand, commissaire général au Tourisme. Il devint par ailleurs, cette même année, maître des requêtes au Conseil d'État.

Sans toutefois adhérer au Rassemblement du Peuple Français, crée en 1947, il participa à l'aventure de ce parti et resta proche des milieux gaullistes en animant notamment le Comité national d'études présidé par Gaston Palewski. C'est également à cette époque qu'il se vit confier le poste de secrétaire général de la Fondation Anne de Gaulle. Durant cette période, Georges Pompidou fit parti du cercle restreint des proches du Général et cette proximité lui valut d'être nommé chef de son cabinet d'avril 1948 à 1953.

Cette année-là, il entra à la banque Rothschild où il occupa rapidement les fonctions de directeur général et d'administrateur de nombreuses sociétés. Ce fut pour lui l'occasion de participer à la vie économique du pays, d'accroître le champ de ses compétences et d'établir un éventail plus large de relations. Il rédigea néanmoins, durant cette période d'intense activité, trois présentations de Classiques illustrés sur Racine, Taine et Malraux.

2) Les débuts de la Ve République

L'année 1958 fut celle du retour du général de Gaulle au pouvoir et de Georges Pompidou aux affaires politiques. Dans ce contexte troublé dominé par la question algérienne, le dernier président du Conseil de la IVe République fit en effet appel à lui pour diriger son cabinet de juin 1958 à janvier 1959. Il eut alors un rôle décisif auprès du Général, accompagnant les travaux d'élaboration de la Constitution et encourageant les réformes économiques et monétaires.

Le général de Gaulle élu à la présidence, Georges Pompidou retourna pendant quelque temps vers le monde de l'entreprise en réintégrant la banque Rothschild. Membre du Conseil constitutionnel en 1959, il profita également de cette période pour rédiger une Anthologie de la poésie française. Toutefois, il resta toujours en relation avec le Général, et en particulier il accepta, en février 1961, une mission secrète afin de faciliter les négociations avec le F.L.N. algérien.

II/ Un premier ministre soumis aux aléas de la politique menée par le président

1) Débuts difficiles

Après l'approbation des Accords d'Évian par référendum en avril 1962, le général de Gaulle nomma Georges Pompidou Premier ministre à la place de Michel Debré. C'est ainsi un homme certes expérimenté mais peu connu du grand public qui arriva à Matignon le 14 avril.

L'année 1962 fut marquée par la réforme de l'élection du président de la République. Le choix du suffrage universel direct et surtout le recours au référendum pour faire approuver cette modification constitutionnelle entraînèrent le vote d'une motion de censure et la chute du premier gouvernement Pompidou. Le Général le renomma aussitôt dans ses fonctions, comme il le fit après son élection aux présidentielles de 1965. Georges Pompidou suivit ensuite de près la préparation des élections législatives de 1967 en s'impliquant dans le choix des investitures et dans la campagne. Les résultats ne furent pas ceux escomptés par la majorité puisqu'elle n'obtint qu'une très courte avance. Le Premier ministre fut alors élu pour la première fois député du Cantal.

2) Succès

Les années 1962 à 1968 furent, en politique internationale, guidées par le principe gaullien de grandeur et d'indépendance de la France et, sur le plan intérieur, elles furent marquées par un réel essor économique permettant d'importantes réformes de structures. Georges Pompidou prit une part personnelle très active au développement de l'économie française dans tous les domaines.

3) Crise de 68

La crise de 1968 vint ébranler la République. Depuis Matignon, Georges Pompidou la géra au quotidien, misa sur des mesures d'apaisement, engagea les négociations de Grenelle et préconisa de dissoudre l'Assemblée nationale pour trouver une sortie politique à la crise. Après un départ soudain à Baden Baden, de retour à Paris, le 30 mai, le Général annonça la dissolution. Les élections législatives des 23 et 30 juin 1968 furent un franc succès pour les gaullistes.

Le 10 juillet 1968, le Général choisit de remplacer Georges Pompidou par Maurice Couve de Murville. Durant cette " traversée du désert ", l'ancien Premier ministre se retrouva " simple député " du Cantal et organisa ses bureaux boulevard de La Tour-Maubourg, toujours entouré de quelques proches collaborateurs. Georges Pompidou fut alors profondément blessé par l'affaire Markovic. Le 17 janvier, à Rome, une déclaration de Georges Pompidou fut interprétée par la presse française comme annonçant son intention, le moment venu, de se porter candidat à la présidence de la République.

L'échec du référendum sur les réformes du Sénat et des régions entraîna le départ du général de Gaulle et l'organisation de nouvelles élections présidentielles. Georges Pompidou fut élu avec 58% des suffrages exprimés face à Alain Poher.

III/ Pompidou président de la République : entre rupture et continuité

1) Continuité de la politique gaullienne

Georges Pompidou s'installa à l'Élysée le 15 juin 1969. Reprenant la lecture gaullienne de la Constitution, il affirma la prééminence présidentielle. Il choisit comme Premier ministre Jacques Chaban-Delmas, personnalité éminente du gaullisme et ancien président de l'Assemblée nationale. Celui-ci resta durant trois années à la tête du gouvernement, avant de démissionner en juillet 1972 à la suite de tensions relatives à son projet de " nouvelle société " et au partage du pouvoir au sein de l'exécutif. Le gaulliste Pierre Messmer, ministre des Armées du Général, fut alors appelé par Georges Pompidou à Matignon. Il fut ainsi Premier ministre lors des législatives de 1973, remportées par la majorité face à une gauche réorganisée depuis l'adoption du Programme commun. Il resta à ce poste jusqu'en 1974 et c'est à la fin de cette période que le chef de l'État tenta la mise en place du quinquennat.

Président de la République en 1969, il revint désormais à Georges Pompidou de conduire la politique étrangère. Reprenant les grands axes de la politique gaullienne, il s'efforça d'assurer l'indépendance de la France sur la scène internationale tout en tenant compte de l'évolution de la situation (nouvelle politique américaine avec Nixon arrivé au pouvoir en 1969, Ostpolitik allemande à partir de 1969, puissance croissante de l'U.R.S.S., tensions au Moyen-Orient). À ces fins, après les tensions des années passées, il noua des contacts plus confiants avec les États-Unis. Tout en demeurant dans le cadre de la solidarité atlantique, il poursuivit les échanges politiques et économiques avec l'U.R.S.S.

2) Rupture avec la relance de la construction européenne

La relance de la construction européenne marqua également son mandat. La conférence de La Haye en décembre 1969 adopta ainsi son programme " achèvement, approfondissement, élargissement ". La Grande-Bretagne put alors devenir membre de la Communauté avec l'Irlande et le Danemark.

À la suite de la crise politique et économique internationale provoquée par la guerre du Kippour (octobre 1973) Georges Pompidou accentua encore plus l'orientation européenne de sa politique : à ses yeux l'Europe des Neuf devait se donner les moyens de rééquilibrer l'Alliance atlantique, de contribuer à la cohésion occidentale face à l'U.R.S.S., d'encadrer une R.F.A. désormais engagée dans l'Ostpolitik.

3) Nouveautés

Sur le plan national, Georges Pompidou fit de sa présidence un temps fort pour l'industrialisation du pays. Il mit l'accent sur la modernisation des structures tout en demeurant soucieux de préserver les grands équilibres. La politique sociale accompagna ce mouvement avec quelques grandes décisions telles la mensualisation des ouvriers ou encore l'actionnariat des salariés. Ce lettré devenu homme d'État s'intéressa aussi avec passion au domaine culturel puisque son attachement à l'art et sa volonté d'en assurer la diffusion auprès du plus grand nombre le conduisirent à décider la création à Paris d'un centre d'art contemporain, qui porte aujourd'hui son nom.

Conclusion : Les années Pompidou s'inscrivent enfin au cœur d'une période de profondes mutations économiques de l'Occident. Marquant la fin de la présidence, la crise pétrolière de l'automne 1973 inaugura de nouveaux rapports internationaux et les pouvoirs publics furent dès lors confrontés à d'importantes difficultés économiques et sociales.
Son mandat fut écourté par son décès le 2 avril 1974 à Paris.

Unité et diversité du syndicalisme depuis 1921

Le syndicalisme français existe depuis la révolution. La preuve en est que la loi Le Chapelier* l’a interdit dès 1791. Pendant près d’un siècle, jusqu’en 1884, le syndicalisme survit dans la clandestinité et malgré la répression. En 1864 La loi Ollivier abolit le délit de coalition et autorise de ce fait le droit de grève. Malgré l’événement traumatisant qu’a été la commune, la République poursuit cette politique en 1884 grâce à la loi Waldeck-Rousseau, établissant le droit des syndicats professionnels de salariés. Il touche des professions de plus en plus nombreuses bien que la fonction publique et le patronat en reste exclus. En 1887 est créé le syndicat des employés du commerce et de l'industrie, premier syndicat chrétien. En 1890, on compte environ 400 000 syndiqués en France. Le congrès de Limoges de 1895 crée la Confédération générale du travail, regroupant 75 fédérations départementales et locales, dont les différentes sensibilités sont marquantes. Elle est l’actrice syndicale principale du début du XXème siècle. (100 000 adhérents.) Les mouvements syndicaux se définissent par leur position à la fois cis à vis des partis politiques, de l’Etat, du patronat et de l’Eglise. Jusqu’en 1914, la CGT revendique son indépendance à la fois par rapport à la politique et à la religion. Mais elle ne peut résister à l’union sacrée et doit apprendre à vivre en partenariat, bien que celui-ci soit très contesté. Comment se définit le syndicalisme d’après guerre, entre unité et diversité ? La guerre a divisé le mouvement syndical, qui en sort affaiblit : nous verrons dans une première partie la renaissance d’un syndicalisme pluriel de 1921 à 1936. Dans un deuxième temps, nous verrons que si l’année 1936 est une rupture du fait de l’apogée qu’elle constitue, le syndicalisme connaît un recul dès 1938 et doit traverser la seconde guerre mondiale. Enfin, nous verrons en quoi les trente glorieuses constituent un rendez-vous manqué entre la social-démocratie et le syndicalisme.



Leçon d’histoire sur le syndicalisme en France de Pierre Karila-Cohen () et Blaise Wilfert (normalien agrégé d’histoire et docteur en histoire)


I Divisions, faiblesses et renaissance : Le syndicalisme à la croisée des chemins


  1. Suite à l’épisode de l’union sacrée, les forces syndicales cherchent à refonder leur identité : un monde divisé


Le syndicalisme rompt dans l’immédiat après-guerre ses relations avec les pouvoirs politiques, il se diversifie, et se démocratise

Défaites du mouvement ouvrier et division syndicale démoralisation. A cela s’ajoute le manque d’implantation syndicale dans les branches industrielles dynamiques Déclin.

Une nouvelle classe ouvrière qui se substitue à l’ancienne : la main d’œuvre est instable, notamment du fait de l’immigration organisée (1M) divers degrés d’intégration identité ? Renouvellement social et culturel atonie jusqu’en 35. Les grèves se font en petit comité. Le monde ouvrier est divisé entre grande et petite usine.

On s’aperçoit que l’érosion est moindre dans les milieux qui n’ont pas connu de transformation rapide

  • Pouvoir syndical // puissance des organisations de travailleurs et capacités de revendication. Les trois voies syndicales affrontent cette épreuve :


CGTU se détache de la CGT en décembre 1921. Communiste, elle entretient une liaison organique avec le parti, rompant ainsi avec l’autonomie ouvrière. Son programme est reformulé en 25. La stabilité des effectifs 21-28 cache une nette mutation en faveur des villes et des banlieues. 28 Internationale : radicalisation pour la révolution 29-32 : - 38%

CGT : affaiblie par la division et les échecs passés, elle rencontre des difficultés pour infiltrer les nouvelles industries et elle ne cible pas groupes ouvriers où sont susceptibles de renaitre les revendications La négociation devient rare.

La CGT de Léon Jouhaux jette les bases du syndicalisme réformiste en temps de paix politique de présence : renaissance. (25 : Conseil éco et soc, loi sur les assurances sociales, tente d’élaborer un programme global des réformes dans le cadre du capitalisme). Grâce au planisme et sa politique de nationalisation, la CGT tente de résoudre des pbs de longue date.


CFTC : l’aug de ses effectifs pose la ? de son identité. Confronté à une nouvelle orientation de la papauté avec Pie XI (fev 22) catho soc. Féminisation croissante. Dans les années 20, elle est forcée à entrer dans la lutte entre patronat et ouvriers dans une logique d’opposition. Difficulté à trouver sa place. Seule spécificité : syndicat éducateur.


  1. Le front populaire et l’apogée ambiguë du syndicalisme : l’année 1936, l’union apparente.


Le Front populaire donne une place centrale au syndicalisme dans la vie de la nation.

  • Grèves de juin 1936 voit l’entrée en force du prolétariat industriel dans le conflit social, véritable défi pour syndicalisme institué. En effet ces grèves spontanées sont au nombre de 11 000, avec 2,4 millions de grévistes à l’apogée du mouvement qui paralysent la production industrielle.

Le syndicalisme doit s’adapter à toutes ces nouveautés (acteurs, revendications, lieux, tertiarisation…) alors qu’il était jusque là replié sur ses bastions traditionnels.

 Possible grâce au climat politique : victoire du Front popu + dans une moindre mesure, la réunification (de la CGT qui ne gomme pas les différentes sensibilités.)


  • Les accords Matignon placent le syndicalisme réformiste au centre de la société industrielle. CGT chargée de donner forme et sens aux revendications éparses, propres à des localités, informelle. Elle représente les travailleurs dans le débat face à l’Etat et au patronat.

  • Concession patronales et engagement de l’Etat : victoire ouvrière et gloire syndicale.


Victoire ambiguë : pas de véritable changement sociaux ; création des délégués ouvriers dont les syndicats ne voulaient pas ; caractère exceptionnel de ces accords. L’ambigüité se ressent dans l’évolution du climat social pendant le ministère Blum : victoires liées à la peur, fond politique qui maintient les grèves. Juin 37, essoufflement : contre-offensive patronale.

Ce pic du syndicalisme favorise les communistes mais pas de syndicalisme de masse.

La CGT est en bonne position de par le mécontentement ouvrier. Elle tire sa puissance de l’identité collective forgée dans la lutte. Le prolétariat industriel se syndicalise, modifiant profondément ces institutions.



TR : La CGT est pourtant divisée par de profonds conflits. Les communistes montent en puissance, du fait de leur proximité avec le PCF. Pas de domination institutionnelle. Ce sont les conflits (politiques, religieux) qui, font obstacle au syndicalisme de masse.



II Le syndicalisme dans la tourmente : du recul de 38 à la reconstruction de l’après guerre


Les questions qui unifiaient le syndicalisme ne trouvant pas de réponses division


  1. 38-40 : puissance syndicale laminée et désorientée


  • Syndicalisme divisé incapable de faire face à la « revanche des patrons ».

Hiver 37-38 : dégradation du climat social car les patrons licencient en priorité les leaders syndicaux à qui ils ne veulent plus donner de pouvoir. Le gouvernement se rétracte (Daladier).

  • Recul du pouvoir syndical.

Divisions : pas de réponse. La CFTC lutte d’abord contre la CGT. L’échec des grèves contre Daladier affaiblit l’aile communiste de la confédération. Ils se rassemblent autour du journal Syndicats, alors que les centristes se rattachent à Jouhaux.

  • Défaite du 30 Novembre 38, les grèves contre Daladier, affaiblit le mouvement syndical.

Grève mal préparée, car c’est l’application au cas par cas et non aux décrets-lois Reynaud que s’oppose la CGT. Combativité hors du cadre syndical. Le secteur public ne soutient pas.

Répression violente, judiciaire, administrative et patronale. Effondrement spectaculaire des effectifs.

  • Grande défaite qui attise les tensions. Ceux qui étaient syndiqués sous le Front Popu partent.

  • La nation condamne le syndicalisme

Changement de cap des communistes (Staline // Hitler) Exclus de la CGT le 25 septembre.

La drôle de guerre ne débouche pas sur une union sacrée, moindre collaboration avec les organisations professionnelles car le patronat se pose comme obstacle.

Particularité française : maintien des divisions sociales dans un tel contexte = exception démocratique


  1. 40-44 : Instrumentalisation ou dissidence ?


  • Le gouvernement de Vichy complique une situation de crise :

16 Aout 40 : dissolution des confédérations ouvrières et patronales, remplacées par des comités d’organisation (Belin)

Accentuation mais aussi altération des revendications. Mouvance du journal au pouvoir, CGT communiste « comités populaires », résistance, centristes Comité d’Etudes économiques et syndicales.

  • La chartre du travail, Octobre 1941 : instrumentalisation du syndicalisme.

Un compromis bancal entre néo-syndicalistes et les traditionalistes (+ d’un an de négociations)

Beaucoup de réactions, peu d’application (faibles effectifs)

  • Atonie presque complète de l’action syndicale.

  • Le renouveau syndical proposé par la résistance

Rapprochement d’ex-CFTC et ex-CGT-Jouhaux Manifeste des 12

Syndicalisme chrétien : mutation à travers l’engagement dans la résistance // communistes.

Avril 43 : Accords Perreux, clandestinité, renaissance de la CGT unifiée

  • Redonne vie au syndicalisme ouvrier qui était en lambeaux. Juillet 44 : une ordonnance annule la loi de 41


  1. Le syndicalisme au cœur de la reconstruction


  • Reconstruction au lendemain de la guerre.

Renaissance du syndicalisme ouvrier. Epuration. Reconnaissance officielle du pluralisme, c’est à dire de la division encore confirmée par l’échec de l’union CGT-CFTC (44-45)

Difficulté des organisations patronales et de cadre à s’imposer à nouveau. Fin 45 : CNPF (Conseil national du patronat français) de structure beaucoup plus lâche que la CFTC ou la CGT. X syndicalisme ouvrier. Difficulté à instituer le syndicalisme des cadres du fait de la position sociale intermédiaire de ses adhérant.

  • Pouvoir syndical consacré à la Libération

Fin de la guerre : apogée. Adhésion et sympathie des salariés. Beaucoup d’influence : bataille de la production avec le PCF. Influence politique problématique (cumul des responsabilités, liens avec les partis…)

Intégrés dans des organismes de gestion : nationalisations. Février 45 : création des CE démocratisation du fonctionnement de l’entreprise. Octobre 45 : présence syndicale nationale à la sécurité sociale. Participation à la planification économique.


Tr : L’entrée dans la guerre froide et l’explosion du syndicalisme : les équilibres ont déjà évolué au sein des centrales ouvrières

La CGT définitivement communiste mais remous internes autour de la déconfessionnalisation et du renforcement des fédérations industrielles. Employés ouvriers régions catholiques industrielles.

Crise sociale et guerre froide tensions. 47 : rupture de l’alliance productiviste. Nouvelle scission non communistes : Fédération de l’Education nationale devient indépendante, + CFT-FO

  • Acquis définitif d’un pouvoir syndical mais occasion manquée d’une transformation plus profonde.



III Le Rendez-vous manqué avec la social-démocratie : Le syndicalisme pendant les trente glorieuses


Le syndicalisme en France depuis 1945 de René Mouriaux


  1. Comment s’adapte le syndicalisme à l’Etat social (48-62)


  • Un paysage renouvelé

Instauration de la représentativité : légitimité nouvelle. Cœur du système de régulation sociale contractuelle de l’après guerre. Le syndicalisme devient une institution quasi-publique de représentation.

Importance à travers les CE, le statut des fonctionnaires, sécu

Droit de grève reconnu par la constitution de 46


Mais divisions insurmontables : pluralisme.

La CGT communiste polarise l’univers syndical. Puissance pas de compromis.

FO, témoin du repoussoir que représente la CGT : unanimité

CFTC divisée : fragilité liée à l’ancrage dans le monde du travail et à l’évolution des relations entre les centrales

CGC (confédération générale des cadres) : représentativité nationale des cadres

En marge du système, de nouvelles formes de syndicalisme FEN (fédération de l’éducation nationale), transformation du syndicalisme paysan au lendemain de la guerre, syndicalisme étudiant

48 : Confédération des syndicats autonomes.


  • Difficultés

Après les grandes contestations de l’après guerre, fragilité et difficultés.

 Les premières expériences contractuelles ne parviennent pas à fonder un système achevé de négociation collective.

Négociation syndicat-patronat accords novateurs (emplois, retraites complémentaires… des cadres) : décisifs et amples. Mais ils restent rares et peu satisfaisants. Problème des salaires et de la productivité du travail.

Les négociations butent à cause des divisions entre partenaires sociaux : patronat résiste à la social-démocratie.


  • De la fin de la guerre froide à la guerre d’Algérie : politisation syndicale exacerbée.

Guerre froide polarisation du monde syndical. Son lien avec le PCF fragilise la CGT, ce qui est aggravé par les réactions des autres centrales.

Le gouvernement ne peut plus s’appuyer sur les syndicats.

Guerre d’Algérie : nouveau clivage avec le général De Gaulle. FO divisée, CFTC déchirée, même la CGT est désunie. Malgré l’initiative de De Gaulle pour un dialogue avec les syndicats, la politique d’austérité qu’impose le plan de redressement contraint les syndicats à la défensive.


  • 48-62 : période paradoxalement difficile.


  1. Métamorphose nécessaire et transformation incomplète


Les années 60 : renouveau de la contestation.

Gaullisme. 63 : réquisition des services publics. Conflit entre De Gaulle et les syndicats de mineurs. Remontée de l’action syndicale favorisée par les conditions socio-économiques


  • De la CFTC à la CFDT : modification du champ syndical.

La CFTC se déconfessionnalise sous l’impulsion d’Eugène Descamps et des tenants du socialisme démocratique contre l’exploitation capitaliste et le totalitarisme communiste. Ceci dans le but de faire sortie ce syndicat de l’impasse.

Les débats et les divisions internes touchent toutes les centrales nouveau paysage.

Syndicalisme étudiant ; accord en 66 entre la CGT et la CFDT, à l’initiative de cette dernière qui affirme ainsi sa domination. Orientation novatrice, moderne mais ne trouve pas immédiatement sa voie.

CGT confrontée aux dégâts de la déstalinisation et à l’obsolescence de son discours


En mars, cinq centrales sont déclarées représentatives du monde syndical (CGT, CGT-FO, CFDT, CFTC et CFE-CGC (française de l’encadrement et cadres)


  • De mai 68 à la « nouvelle société », le syndicalisme connaît un éphémère pic d’influence.

Rôle ambigu lors de ces grandes grèves spontanées. Un protocole d’accord rapidement signé qui ne satisfait pas les grévistes.

Conséquences : domination de la CGT-CFDT consacrée. Moments d’euphorie ambigus Les accords de Grenelle apparaissent comme une grande victoire. Evolution social-démocrate du pouvoir plus que victoire politique de la gauche victoire syndicale à court et moyen terme.

CNPF : Processus ambitieux de refondation


  • Trente glorieuses du syndicalisme français ?


  1. Les années 70 crise ou mutation ?


  • Crise profonde et durable

Chute massive des effectifs : en 25 ans, effectifs divisés par 2. Taux de syndicalisation autour de 10% : le plus bas des pays développés, égal à celui de 1910. Touche tous les secteurs du salariat. Pouvoir de mobilisation concurrencé par d’autres structures. Epuisement des formes traditionnelles de lutte syndicale. Grèves de novembre-décembre 95 (contre le remaniement de la SNCF, le plan de rigueur pour sauver la sécu et l’annonce de la refonte des régimes spéciaux) ne change rien au processus enclenché.

Nouveau type d’organisation du mouvement social : coordinations* fin 80’s, associations de chômeurs fin 90’s.

 Crise d’identité

Gauche au pouvoir de 81 à 84 favorise l’institutionnalisation syndicale 82 lois Arnoux

Pb de la bureaucratisation et de la fonctionnarisation structures parfois perçues comme particulièrement conservatrices.


Causes :

Crise éco, effet inverse que la crise fin de siècle. Elle déstructure l’emploi industriel, bastion du syndicalisme chômage inégalé jusqu’alors. Les syndiqués sont plus facilement licenciés et plus difficilement réembauché.

Dvp du travail précaire

Mutations socioculturelles : société de consommation et médiatisation de masse brouillent les repères et les marqueurs d’identité. Engagement et luttes éphémères qui ne correspondent pas au rythme syndical. Epuisement de la centralité des syndicaux par rapport à la mouvance de la société. Faible attraction sur les jeunes.

Nouvelles stratégies patronales : dvp d’une culture d’entreprise en accord avec l’évolution des mentalités et en opposition avec les structures syndicales ainsi devenues inutiles, court-circuitées.

Echec de la gauche : tournant de la rigueur démoralise


  • Mutations


CGT entre renouveau et archaïsme. Sa domination est remise en question. 72-77 : analyse des limites du capitalisme (la crise). Logique Front populaire. Surdétermination politique impasse

78-81 : volonté de nouvelle syndicalisation et de distance au PC

81 G. Séguy H Krasucki. Ferme la voie à la mutation, réalignement sur le PC

  • Nécessaire remaniement qui ne parvient pas à se faire


FO : André Bergeron. Indépendance à l’égard des partis, politique contractuelle. Maintien de ses positions professionnelles. 1980 : réputation de sérieux.

89 Blondel : changement de stratégie : durcissement de la revendication.


Le cheminement de la CFDT est exactement l’inverse : d’un statut hybride de syndicat contestataire à un syndicat gestionnaire débarrassé d’attache partisane. Esprit Mai 68 durant les 70’s (socialisme autogestionnaire). Rapport Moreau en 78 : recentrage face à l’essoufflement. Laboratoire d’idées et de revendications.

Associée à l’expérience socialiste : chute des effectifs et perte d’influence.


CFTC : Stabilité idéologique. Alternance de crise et de montées en puissance.

81 CGC devient CFE-CGC. 90’s moins favorables.


FEN ne se remet pas de sa chute de 84. Echec du projet de « Grand service public, unifié et laïque » sous la pression de l’enseignement privé.) Son identité (la défense du laïcisme) est mise à mal.


Impossible unité :

CGT-CDT : idée de fin 60’s deb 70 échoue au milieu de la décennie CDT socialistes, volent l’électorat du PCF soutenu par la CGT

Syndicats réformistes : CGC, CFDT et CFTC tentent de se rapprocher de FO qui bénéficie de sa neutralité politique. Deuxième échec.

Concurrence entre les syndicalismes autonome et confédéré.

Décomposition sans recomposition


  • Depuis les 90’, le Front National tente de se faire une place dans le champ syndical, caractérisé par sa division, son éclatement et donc sa faiblesse.



CONCLUSION :

Il apparait que la vie syndicale depuis 1921 a été caractérisée par la discontinuité. La principale raison est la férocité du discours identitaire des différentes organisations. L’évolution syndicale se comprend avec les évolutions de l’Etat depuis la révolution. Le syndicalisme héroïque des débuts de la république s’est effacé devant le syndicalisme gestionnaire, expert ou négociateur et la paix sociale y a gagné.

Cependant, des fils conducteurs prouvent une certaine continuité dans l’histoire syndicale : le syndicalisme a toujours été minoritaire au sein des salariés. Pourtant il a eu la capacité à rayonner au-delà du cercle de ses adhérents. Très souvent divisé, il se définit par son rapport au monde politique, et notamment son penchant contestataire.