dimanche 11 avril 2010

La France en 1942

I- VICHY DANS LA « GUERRE TOTALE »

A- 1942 : l’année la plus sombre de la guerre

Tout espoir de voir l’ Allemagne bientôt vaincue par une coalition mondiale s’évanouit début 1942.
- Dans le Pacifique et en Asie du sud-est, les japonais font subir en quelques semaines aux anglo-saxons les plus humiliantes défaites
- Au même moment la Wehrmacht reprend en URSS une offensive qui va la mener en Août jusqu’au Caucase et à la moyenne Volga
- De plus, les bombardements aériens anglais et américains commencent à frapper les centres industriels français au-delà des côtes des la Manche (cf : Boulogne-Billancourt est durement touché par un raid sur les usine Renault le 4 mars 1942). Les français voient ces bombardements comme des actes de guerre en direction de l’ennemi présent sur le territoire. Les habitants des villes industrielles subissent ainsi les affres des alertes répétées, les ruines, la mort apportées par les avions alliés.


B- Exploitation et répression accrue

Hitler (à cause de la résistance soviétique) doit passer de la « guerre éclair » à la « guerre totale », ce qui se traduit par une exploitation accrue des ressources des pays occupés, en particulier de la France. Cela entraîne une aggravation des conditions de vie de la population.
Les allemands veulent également employer des travailleurs français dans leurs usines.

Renforcement de la répression : à partir d’avril 1942, la Gestapo installe partout en zone occupée un « kommando » de ses policiers. Tout ce qui concerne le maintient de l’ordre et la répression de la résistance est placé sous la direction de la SS.
Le 28 avril, le général SS Karl Oberg est nommé à la tête des « service de sûreté et de sécurité du Reich » en France . Oberg négocie aussitôt avec Bousquet, le secrétaire général de la police française de Vichy, un accord de coopération et de partage des taches (accord renouvelé en 1943)


C- Le retour de Laval

Son retour est lié au changement des rapports entre la France vaincue et satellisée de Vichy et de l’occupant engagé dans la guerre totale.
Il privilégie la lutte contre les résistants et opposant politiques : le double appareil répressif allemand et vichyste, habitué dès 1940 à une action parallèle contre l’ennemi commun résistant, renforce ses effectifs et coordonne ses actions.
Laval apparaît aux yeux de français comme directement lié aux collaborationnistes. Cependant, les principaux dirigeants allemand n’ont pas spécialement voulu voir revenir Laval au gouvernement.
Le 16 Avril, Pétain le nomme chef de gouvernement : il n’y intègre aucun collaborationniste parisien, mais il y a des fidèles du pétainisme pur comme Barthélémy ou Lucien Romier.
Laval est cependant contesté.


II- DE LA RELEVE AU STO

A- Les nouvelles exigences allemandes en matière de main d’œuvre

En mai Sauckel exige l’envoie en Allemagne de 250000 travailleurs français
Laval ressort des cartons de Vichy le projet de la « Relève » ( c’est-à-dire échange d’un prisonnier français contre trois ouvriers spécialisés français partant travailler dans les usines du Reich) élaboré par Scapini en Septembre 1940 (rejeté alors par les allemands). Laval négocie donc avec Sauckel ce qui aboutit à un accord le 16 Juin. Aussitôt les services allemands d’occupation et les autorités de Vichy mettent en place conjointement tout un appareil commun de recrutement. Des journaux, affiches appellent les travailleurs à répondre aux demandes allemandes dans un but de solidarité nationale avec les prisonniers et aussi pour la « défense de l’ordre européen »
Mais comme les volontaires sont rares : pression conjointe franco-allemande
4 Septembre 1942 gouvernement de Vichy adopte une loi instaurant le STO pour tous les français de 18 à 50 ans et les française de 21 à 35 ans. Il s’agit en réalité pour Vichy d’une prise en compte par Vichy de l’ordonnance sur le travail obligatoire édictée par Sauckel pour l’ensemble des pays occupés.

B- Collaboration à sens unique

L’instauration de la Relève ajoute à l’accablement général. Sentiment d’impuissance contre cette forme aggravée d’oppression ennemie.
Même si la résistance incite à refuser cette nouvelle forme d’esclavage, elle n’est pas en mesure d’offrir aux réfractaires les moyens de fuir et de se cacher pour échapper au départ.


III- MATURATION DE LA RESISTANCE

A- Les convergences

Les mouvements constitués dans leur forme définitive au niveau des états-majors se structurent et s’étendent.
A la suite du Front National, les autres grands mouvements nés en zone Sud installent peu à peu des antennes de part et d’autre de la ligne de démarcation :
En zone Nord : « Défense de la France »
En zone Sud : « Combat », « Libération », « Franc-Tireur »
Une certaine convergence se produit

B- Le renforcement des liens entre Résistance intérieure et extérieure

Nombreuses visites de chefs de la résistance intérieure à Londres.

1 Janvier 1942 :Jean Moulin est envoyé en France pour unifier la résistance en zone Sud
Octobre 1942 : Front National et les autres mouvements rédigent en commun un appel à la lutte contre les déportations des travailleurs.

En Novembre, Jean Moulin obtient la fusion dans les « Mouvements unis de la Résistance » des trois grands mouvements de la zone Sud : Combat, Libération, Franc-tireur , et la constitution par eux d’une seule « armée secrète ».
Pendant ce temps les groupes armées du Front National FTP) deviennent opérationnels dans les provinces occupées et à Paris. : sabotages, attaques contre des collaborationnistes notoires comme Marcel Déat.

En juillet 1942, la France libre s’est donné le nom de « France combattante » : volonté de couvrir et d’unir ceux qui hors de France et en France combattent l’ennemi.
Les liaisons avec la résistance intérieure se structurent et s’étoffent sous les ordres de Passy dans le cadre du Bureau Central de Renseignements et d’Actions (BCRA)
Sur les champs de bataille, les français libres marquent par quelques exploits leur place dans le combat des armées régulières contre l’ennemi.
Cf : à Bir Hakeim, sous la conduite du général Koenig, les français stoppent Rommel du 26 mai au 11 juin aidant ainsi les anglais à couper aux allemands la route du Caire.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire