dimanche 11 avril 2010

L’ANTICLERICALISME EN FRANCE DE 1870 A 1914

Comme le rappelle René Rémond, il n’y aurait pas eu d’anticléricalisme si le cléricalisme ne lui avait pas préexisté. Ici plusieurs définitions se heurtent. Prenons celle-ci: toute Église, toute société spirituelle a tendance à s’immiscer dans les domaines temporels pour transformer l’autorité publique en instrument de ses desseins., et cette intrusion constitue ce qu’il convient d’appeler le cléricalisme? Une difficulté persiste: quelle est la limite qui permet de dire qu’il y a ingérence de l’Église dans un secteur qui devrait en principe lui être interdit. De fait, le cléricalisme et l’anticléricalisme, qui se donnent mutuellement vie, sont deux objets à géométrie variable, dont les contours se déplacent en fonction du point de vue idéologique pris en compte.
La première République en France fut incontestablement anticléricale, mais fut d’une courte durée, et les mesures prises ne furent que transitoires. La République anticléricale par excellence reste la III° République. Elle prit en effet un ensemble de mesures législatives et réglementaires qui s’appliquèrent à différents domaines de la vie publique et conférèrent à l’État et à ses administrations une orientation déterminée et durable.
Dans quelle mesure l’anticléricalisme a-t-il permis l’enracinement de la République en France?


1)L’anticléricalisme: fer de lance des républicains
1-1)L’anticléricalisme et l’anticatholicisme
France est considérée comme la fille aînée de l’Église.
Importance des institutions religieuses.
Bonaparte, en homme du XVIII° détestait les religieux avait soumis la constitution des congrégations à autorisation préalable. Mais ce ne fut guère appliquée. Le religieux était encore très présent.
Racines de l’anticléricalisme peuvent se retrouver dans le 18°: « écrasons l’infâme », comme le disait si bien Voltaire.
Contraste entre l’emprise de l’Église et les racines encore vivaces de l’anticléricalisme, qui se sont manifestées à plusieurs reprises durant le 19°.
Volonté de la III° République: éradiquer, « écraser » le religieux, ou seulement limiter son emprise, limiter sa place? Libérer la morale?

1-2)Le catholicisme et la monarchie
Église reste dans les esprits liée à la Monarchie. (cf : monarchie de droits divins)
Thiers et Mac Mahon au pouvoir au début de la III° République. Cette République est encore jeune et fragile. Thiers se rallie certes à la République, mais Mac Mahon quant à lui ne désespère pas à l’idée de faire tomber la République pour rétablir la monarchie. Or, ce sont ces monarchistes qui ont des line avec l’Église: loi déclarant d’utilité publique l’érection du sanctuaire de Montmartre(août 1873), 1972: pèlerinage national à Lourdes.
Pi IX: intransigeant. Syllabus. Contre la société moderne. Contre la République.
Point d’appui de l’anticléricalisme des républicains:lutte contre l’anticléricalisme en même temps qu’une lutte contre la monarchie. C’est une lutte pour la République. « Le cléricalisme, voilà l’ennemi » Gambetta en 1877

1-3)L’anticléricalisme: union des républicains
Différences entre les républicains… On peut voir les divisions qu’il y a entre les radicaux et les opportunistes.
Mais l’anticléricalisme est un point de convergence. Ennemi commun: le cléricalisme, l’emprise de l’Église et la place qu’elle occupe dans les affaires publiques. Ferry et Gambetta étaient tous deux anticléricaux. Catholicisme est encore celui qui forme l’esprit des enfants à l’écoles, l’esprit des futurs citoyens.
« construire une société sans roi et sans dieu », Ferry. Tel est le but des républicains. Et on peut noter que Clemenceau, encore jeune à cette époque, fait inscrire au programme du parti radical la séparation de l’Église et de l’État.

2)Les victoires de l’anticléricalisme
2-1)Une déchristianisation des pratiques quotidiennes
Perte de vitesse du religieux
1880: Suppression de l’obligation du repos dominical (plus de « jour du seigneur »)
1884: loi sur le divorce
1887: libertés des funérailles, qui ne sont plus obligées d’être religieuses.
Atténuation de la présence « obligatoire » de la religion dans le quotidien et dans certaines pratiques.
Baisse du nombre de mariages et de baptêmes.
Pratique reste présente surtout dans les grands événements qui rythment les saisons. De moins en moins de gens vont cependant à la messe.

2-2)L’anticléricalisme à l’assaut des relais du catholicisme
Lois contre les congrégations: « épurer » l’éducation.
1880: Décret contre les congrégations non autorisées.
1886: loi laïcisant le personnel des écoles publiques
1904: loi interdisant à tous les congréganistes d’enseigner
Église est remise petit à petit à sa place. Elle est exclue de l’enseignement publique. L’enseignement devait devenir civique, et non plis religieux

2-3)l’anticléricalisme et l’éducation
But majeur des anticléricaux: rendre l’éducation civique!
Dès le fin de 1879, les lois sur l’école apparaissent:
Août 1879: loi Paul Bert sur les Écoles normales supérieures
Décembre 1880: loi sur l’enseignement secondaire des filles
Juin 1881: écoles gratuite
Janvier 1882: Enseignement obligatoire et laïque (victoire!!) Ferry.

3)Apogée et limite de l’anticléricalisme
3-1)Apogée
Apogée arrive au début des années 1900. Et oui, il faut pas oublier que durant la dernière décennie notamment, la République a été confrontée à différents scandales qui l’ont occupé quasi entièrement et ne lui ont pas permis de mener son projet à bien (Panama, crise boulangiste…)
1902: Succès de la gauche aux élections: la gauche va pouvoir agir.
1899-1907: 2 présidents du Conseil, Waldeck Rousseau et Combes vont mener la bataille contre le religieux. L’assaut final leur donnera raison: en 1905 a lieu la séparation de l’Église et de l’État.
En 1903: le cardinal Sarto est élu pape (il succède à Léon XIII)et de vient Pi X: retour à une politique stricte. Les relations entre le gouvernement français et le Saint Siège sont interrompues en 1904.

3-2) L’anticléricalisme affaibli?
Tentative de la part de certains de concilier la religion et la politique
Albert de Mun leader catholique a , et cela dès 1885, tenté de se rapprocher du parti républicain modéré.
Léon XIII a accepté la République: il disait que vu que c’était le régime en vigueur et qu’in était voulu par dieu, il fallait l’accepter.
1899: Marc Sangnier forme le Sillon.
Mais ces républicains catholiques ont du mal à modifier la lourde pâte républicanophobe des masses millions de papistes français.
Affaiblissement relatif. Difficulté à concilier catholicisme et République… Discrédit jeté sur l’Église après l’affaire Dreyfus, qui avait pris bien souvent position contre Dreyfus.

3-3)Après la séparation de l’Église et l’État?
But atteint? Que reste t-il à achever?
La séparation doit encore être acceptée par tous. La déchristianisation avait déjà commencé depuis un certain temps, mais il n’en demeurait pas moins que la religion avait encore une importance no négligeable. Il a fallu concilier République et catholicisme dans la mesure du possible, et tant que ce dernier n’empiétait pas sur les plates bandes de l’État.
Pape Pi X en 1906: encyclique « Vehementer nos » où il condamne la loi sur la séparation de l’Église et de l’État. Il encourage les prêtres à ne pas accepter les inventaires. Des troubles ont lieu, et le gouvernement est contraint d’interrompre les inventaires.
2 janvier 1907: Clemenceau fait voter l, dans un souci d’apaisement,a loi laissant les édifices nécessaires à l’exercice du culte à la disposition des ministres et des fidèles du culte.
La loi du 28 mars 1907 autorisant la tenue des réunions sans déclaration préalable permet de régler les problèmes posés par le refus de l'Église catholique de souscrire la déclaration annuelle prévue pour les réunions cultuelles par l'article 25 de la loi du 1905.
La loi du 13 avril 1908 modifie de la loi 1905 pour tenir compte du refus de l'Église catholique de créer les associations cultuelles. Elle autorise les communes à « engager les dépenses nécessaires pour l'entretien et la conservation des édifices du culte » dont ils ont la propriété, mettant ainsi ces dépenses à la charge du contribuable.
Donc, conciliation, tout en gardant une ligne claire.


Ccl: anticléricalisme latent sous la III° République. Anticléricalisme=lutte contre la monarchie. Point commun des républicains. Cléricalisme: ennemi commun. Anticléricalisme a été un des piliers de l’enracinement de la République.
On peut évoquer le fait que la France soit encore à l’heure actuelle un des seuls pays au monde où l’E l’État sont séparés.

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