dimanche 11 avril 2010

Poincaré

Poincaré (Raymond)


Homme politique français (ne pas confondre avec Henri et son crible!). Il jouit d’un grand prestige : « l’homme miracle », magicien des finances, plusieurs fois sauveur de la France.
Pourquoi une telle image ?


1. Un début de carrière fulgurant

1.1 Ses origines
•né à Bar-le-Duc (département de la Meuse, région Lorraine). Est issu d’un milieu bourgeois et intellectuel (père ingénieur, cousin mathématicien !)
• Alors qu’il a 10 ans, sa ville natale est occupée par les armées prussiennes→ ce fait le marque durablement et permet de comprendre ses futures conceptions de politique étrangère.
• Études de Droit, il sera un avocat célèbre à Paris.

1.2. Une carrière ministérielle précoce
•commence sa carrière politique dans le département de la Meuse où ses relations familiales lui facilitent la tâche. Il est élu conseiller général puis député en 1887 avant de devenir sénateur de la Meuse en 1903.
•Carrière ministérielle : Ministre de l’Instruction publique (1892), Ministre des Finances (1893, 1894 et 1896). Il n’a qu’une trentaine d’années !

1.3. La prudence et l’ambition
•L’Affaire Dreyfus divise l’opinion, il se réserve et attend. → éclipse dans sa carrière ministérielle
Même attitude pendant la période du combisme : La France est divisée à cause de la lutte anticléricale, il s’abstient de prendre parti. (Petite anecdote comme on les aime : ses collègues avocats ironisent en le voyant quitter sa robe pour aller assister à une séance de la Chambre : « Il court s’abstenir ! »)
→ Il veut se forger une image de marque, celle d’un patriote (cf. il est lorrain !), d’un homme d’apaisement et de conciliation. Il entend se présenter comme un guide sûr et sérieux, conscient d’avoir à jouer un rôle historique ! Il attend l’heure où il apparaîtra comme l’homme de la situation.
• En attendant, son attachement aux institutions et à la laïcité le font considérer par la gauche comme un véritable républicain + il rassure la droite par son patriotisme lorrain et son opposition au projet d’impôt sur le revenu proposé par Caillaux (radical).
Rq : il est élu à l’Académie française en 1906 (pourquoi ? that’s the question !)

2. Poincaré à l’Elysée

2.1. La Présidence du Conseil puis de la République
•1911 : crise d’Agadir (conflit entre la France et l’Allemagne à propos du Maroc→ Caillaux, président du conseil règle ça par la négociation et l’échange de colonies. Guerre évitée pour l’instant. Gvt Caillaux renversé fin 1911, on lui reproche d’avoir trop cédé à Allemagne)
Situation difficile : pas d’unité entre français + menace de la guerre→ besoin d’un homme qui puisse joindre sagesse, autorité et compétence. Cet homme c’est Poincaré, nommé président du Conseil par Fallières en janvier 1912. C’est le sauveur que la nation attend !
→ Il prend pour lui le ministère des Affaires Etrangères et mène une politique de fermeté envers l’Allemagne. S’efforce de resserrer les liens diplomatiques avec l’Angleterre et la Russie. (Voyage à St Pétersbourg en 1912).
• fin 1912, il fait savoir qu’il est candidat à la succession de Fallières à la Présidence de la République.
Cette décision peut paraître surprenante de la part d’un homme décidé à gouverner énergiquement. On sait que l’Elysée n’est qu’une cage dorée ! Poincaré en est conscient. Dans des articles, des discours, il dénonce le gauchissement de la Constitution qui a amenuisé le pouvoir exécutif, décrit ce qu’on pourrait appeler, la dictature capricieuse des parlementaires. Il veut, non pas modifier la Constitution, mais l’appliquer intégralement. Il veut restaurer l’autorité présidentielle.
• Son élection n’est pas aussi facile qu’il l’espérait. La gauche (les radicaux en tête) l’accuse de vouloir préparer un régime autoritaire voire de souhaiter la guerre. Néanmoins, Poincaré l’emporte grâce à la droite. Il semble décider à faire la politique de la droite en préparant la France à la guerre, qu’il estime inévitable. Il est par exemple, partisan de la loi des 3 ans du service militaire.
→ politique désavouée par les électeurs. Elections législatives du printemps 1914 : majorité aux radicaux et aux socialistes. Nomme Viviani, président du conseil.


2 .2. Poincaré et la guerre
•Il se consacre au renforcement des alliances françaises.
Deux semaines après l’attentat de Sarajevo, il fait un voyage en Russie avec Viviani (16 au 23 juillet).Ce voyage est un des épisodes les plus contestés de sa carrière : quel rôle a-t-il joué dans le déclenchement de la guerre ? A-t-il poussé Nicolas II (le tsar) à prendre la décision fatale de la mobilisation générale du 30 juillet, faisant définitivement basculer l’Europe dans la guerre ? (précisions : l’Allemagne déclare la guerre à la Russie le 1e août et attaque la France le 3.)
→ en tout cas, il sera surnommé par ses adversaires : « Poincaré-la-guerre »
•Il devient cependant l’âme de la nation en guerre, le symbole de l’Union Sacrée.


2.3. Désillusions
•Illusions : il pensait être l’animateur de la Défense nationale et pouvoir renforcer la fonction présidentielle à travers l’Union Sacrée.
Mais ses adversaires, Clemenceau et Caillaux veillent. Vont l’accabler d’images peu favorables : « Poincaré-la-guerre », « l’homme au cœur bourré de dossiers », on se moque de la tenue vestimentaire qu’il croit devoir adopté pour se rendre au front et qui le fait ressembler à un chauffeur de gde maison (!).
• L’Union Sacrée est remise en cause : grèves, mutineries, départ des socialistes de la majorité. Il est obligé en novembre 1917 d’appeler Clemenceau à la présidence du conseil, qui va devenir « le Père la Victoire ». Poincaré perd tout espoir de jouer un rôle personnel, car Clemenceau n’est pas homme à partager le pouvoir. Il laisse Clemenceau menait le pays à la victoire.
→opposition entre les deux hommes à propos de la paix. Poincaré veut une paix dure et l’occupation par la France de la rive gauche du Rhin, tandis que Clemenceau accepte une paix de compromis pour ne pas se couper des alliés.

→Echec de Poincaré à l’Elysée, il renonce à la réélection et se fait réélire sénateurs de la Meuse.


3. Poincaré le sauveur

3.1. Janvier 1922- mars 1924 : Présidence du Conseil, occupation de la Ruhr et Verdun financier
• Politique extérieure : intransigeance (à l’inverse de la politique conciliante de Briand, 1920-1922). Echec des négociations (conférence de Gênes). Poincaré décide de pratiquer une politique de force : occupation militaire de la Ruhr qui débute en janvier 1923. «Allons chercher le charbon là où il est ».
csqces : forte spéculation des alliés contre le franc + effondrement de l’économie allemande ( résistance passive des allemands)
Défense du franc : augmentation des impôts, économies budgétaire+ négociations pour obtenir un prêt américain, prêt consenti en échange du retrait des français de la Ruhr. Poincaré accepte (mars 1924) → plan Dawes
Fin de la guerre financière. Poincaré peut poursuivre son Verdun financier pour redresser l’économie française.
Elections de mai 1924 : victoire du Cartel des gauches

3.2. Juillet 1926-juillet 1929 : le franc Poincaré
• Crise du franc sous le Cartel des gauches : Herriot incapable de trouver une solution, victime du « mur d’argent », la Banque de France lui refuse un prêt.→panique financière
• Le retour de Poincaré juillet 1926 : retour de l’homme miracle, « Poincaré la confiance ». Il préconise une combinaison d’union nationale.
•Redressement du Franc. Le simple retour de Poincaré permet de restaurer la confiance des milieux financiers. Met en place des mesures de rigueur + stabilise le franc→ 1928 : le Franc Poincaré. Retour de la prospérité. Poincaré jouit d’une énorme popularité. La guerre est bien finie (situation financière stabilisée, relations avec les alliès restaurées)
• élections d’avril 1928 : chambre de droite, maintien de Poincaré au pouvoir.
• Dernier gvt Poincaré : Plan Young, Accords Mellon-Bérenger (échelonnement de la dette américaine)

→ démission de Poincaré (malade) en juillet 1929.


Conclusion : Son prestige historique demeure considérable mais son bilan réel apparaît mince. Il n’a pas réussi à faire adopter ses vues de rigueur envers l’Allemagne. Son succès financier apparaît plus évident dans l’immédiat, mais l’œuvre est éphémère cf. crise des années 1930. Il n’a enfin pas réussi son projet de restauration du pouvoir de la fonction de Président de la République.
Il passe ses dernières années à écrire ses mémoires Au service de la France , plaidoyer pour son action. A sa mort en1934, il reçoit des funérailles nationales.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire