jeudi 20 mai 2010

La France de mai 1958

Intro : - la Fce en mai 58 semble être dans une impasse. En effet la guerre d'Algérie s'avère être « une guerre imbécile et sans issue » (Guy Mollet). Une guerre sans issue en raison des particularités de la colonie algérienne : colonie de peuplement ancienne, « l'Algérie c'est la France » mais une population musulmane largement majoritaire (1 million de frçs contre 8,5 millions de musulmans) qui sur une terre qu'elle peut légitimement revendiquée comme sienne dispose d'un niveau de vie et d'un statut juridique la reléguant dans une position de dominée. - la situation semble être bloquée : l'Algérie est trop frçse pour être séparée, l'Algérie n'est pas assez française pour annihiler un mvt d'indépendance nationale qui fait tâche d'huile à partir de l'action terroriste d'un petit groupe qui a prix en charge la construction d'un nouvel Etat souverain. - c'est dans cette situation que se déclenche la crise du 13 mai 1958 qui est l'expression de la volont » de ne jamais séparer l'Algérie. Cependant, l'issue de la crise était inconnue de tous et est d'ailleurs surprenante en bien des points. Problématique : comment les événements du mois de mai 1958 ont-ils entraîné l’appel au Général De Gaulle et la chute de la IVeme République ? Plan : I. Une crise politique. II. La peur d'un putsch militaire. III. L'appel à l'homme providentiel. I. Une crise politique 1. le 13 mai 1958 - depuis plus d’un mois la France est une fois de plus sans gvt (22eme crise ministérielle) (si question : le dernier président du conseil en date est Félix Gaillard qui fut renversé le 15 avril suite à des complications diplomatiques provoquées par le bombardement, le 8 février précédent, de Sakhiet-Sidi-Youssef, en Tunisie. Manœuvre militaire à l’encontre des nationalistes qui entraîne mort de nombreux civils dont enfants.) - tension monte en Algérie tout au long de la crise ministérielle. Inquiétude des pieds noirs est croissante, ils sont de plus en plus réceptifs aux mots d’ordre des meneurs résolus à défendre l’Algérie française. Parallèlement, les cadres de l’armée sont convaincus de remporter la victoire suite au « succès » de la bataille d’Alger et entendent ne pas en être dépossédé par les politiciens. Le 8 mai, Robert Lacoste (ministre socialiste résidant en Algérie) s’adresse aux généraux la veille de son retour en France pour alerter leur vigilance : « Méfiez-vous. N’acceptez rien contre votre honneur. Attention à un Diên Biên Phu diplomatique. » Tel était les mœurs des socialistes et des républicains. - 9 mai : Coty (président de la Rep) désigne Pflimlin (MRP) comme président du conseil. Il doit être investi le 13. Réputé pour être partisan d’une solution « libérale » en Algérie. Le rythme des événements s’accélère. On apprend que le FLN a exécuté 3 prisonniers, des militaires français détenus depuis le 1er novembre 1956. Un certain nombre d’organisations appellent alors à une manifestation pour le 12 mai qui est reportée au 13 quand on apprend que Pflimlin se présentera devant l’assemblée le 13. Manifestation du 13 mai à Alger est une réussite. Le palais du gouvernement général est pris d’assaut par une foule qui sous la conduite de Pierre Lagaillarde et Robert Martel, déborde tout sans déclencher l’intervention des forces de l’ordre. Les parachutistes de service laissent les manifestants utiliser un camion militaire pour enfoncer les grilles du gouvernement général. Proclamation d’un comité de salut public du balcon du bâtiment sous les ovations délirantes de la foule. Comité composé de civils et de militaires. Président : Gle Massu. Télégraphe au psdt de la Rep pou demander création d’un tel comité à Paris pour « conserver l’Algérie partie intégrante de la métropole. » Possible parallèle avec manifestation du 6 février 1934 : antiparlementarisme, manifestation de rue pour tuer dans l’œuf un nouveau gouvernement, dans les deux cas la rue échoue apparemment, Pflimlin sous le coup de la menace reçoit le soutien inespéré d’une forte majorité (dans les deux cas la rue réussit finalement puisque Pflimlin cède la place à DG comme Daladier à Doumergue). 2. une impossible défense républicaine? - crise du 13 mai peut apparaître en partie comme le résultat d’une crise rampante de structure : l’ingouvernabilité de la IVeme Rep = instabilité concrétisée par la courte durée de tous les ministères. - cependant dans les précédentes crises, le régime parlementaire menacé par une droite réactionnaire ou révolutionnaire était toujours parvenu à surmonter le danger, du moins jusqu’en 1940. L’union de tous les républicains, puis l’union de la gauche avaient su ménager des contre attaques efficaces réprimant toutes les tentatives de coup d'État. Pourquoi en mai 1958, cette « défense républicaine » ne fonctionne-t-elle plus ? - cause principale : le poids et l’isolement du parti coco depuis 1947. Aura tirée de la Résistance. Isolement depuis 1947 = CGT et PCF lâchent la ligne productiviste de peur de se décrocher de leur base électorale en grève et début guerre froide. Isolement aurait pu prendre fin avec la mort de Staline en 53 mais plusieurs facteurs nuisent au rapprochement pourtant souhaité par le PCF des deux partis « ouvriers » : les résistances de la direction thorézienne au cours nouveau, profondes rancunes accumulées entre soc et coco au long des années de guerre froide (ex : expédition de Suez lancée par le gvt Mollet de concert avec les conservateurs britanniques). - explique la deuxième cause le l’impossible défense répu : Guy Mollet, ancien chef du gvt et secrétaire général de la SFIO. Son action fut décisive dans le retour de DG. Il est favorable à l’Alliance atlantique et à l’OTAN, foncièrement anticoco (« les communistes ne sont pas à gauche, ils sont à l’est »), récuse l’idée d’un nouveau front popu dont le PCF tirerait encore tous les avantages. Il jouit d’une réelle autorité au sein du parti et n’a aucun mal à contenir l’opposition de gche animée par des hommes comme Edouard Depreux, Alain Savary, Robert Verdier voire Gaston Defferre. Il saura entraîner le ralliement de la majorité des parlementaires soc à la solution DG. Michel Winock dans La fièvre hexagonale écrit : « De là à s’interroger sur l’hypothèse selon laquelle, sans un Guy Mollet à leur tête, les socialistes auraient pu réagir de manière différente, il n’y a qu’un pas. » 3. la manifestation du 28 mai - le mercredi 28 mai, plusieurs centaines de milliers de personnes défilent de la Nation à la République à l’appel des journaux et des organisations de gauche. Coco, soc, radicaux républicains populaires défilent côte à côte, en bref la « défense républicaine » semble s’être ralliée et enfin prête à agir. - mais leur accord n’est qu’illusoire, leur manifestation s’apparente plus à un rituel d’incantation qu’à une action décidée : depuis quinze jours, une autre solution a pris forme, et le matin même Pflimlin a démissionné. Le lendemain Coty appelle DG à former un nouveau gvt. Transition : mai 1958 = une véritable crise politique parce que la défense répu n’a pas fonctionné en raison d’une impossible alliance de la gauche. La majorité, Guy Mollet en tête, juge cette solution trop dangereuse en raison notamment du rôle pris par l’armée dans cette crise et de la peur d’une dictature militaire. La solution de DG semble être une garantie pour le pire : la dictature militaire. II. La peur d’une dictature militaire 1. le rôle de l’armée dans les événements de mai 1958 - l’armée à partir du moment où elle prend part à la crise du 13 mai cesse d’être la « Grande Muette » = transgression de l’obligation d’apolitisme. En plus d’avoir pris la tête du Comité de salut public (Gle Massu), le 13 mai les quatre généraux et l’amiral responsables des forces armées en Algérie font parvenir un message au chef de l’Etat (Coty), par l’intermédiaire du Gle Ely, chef d’Etat major à le Défense nationale, le mettant en garde d’une politique d’ « abandon ». L’armée se place en opposition directe à une grande majorité des représentants du peuple souverain. Au soir du 13 mai, la menace de sécession et de guerre civile est réelle. - attitude des militaires peut s’expliquer par une véritable crise militaire qui a débuté avec la défaite de 1940. Obéissance militaire au pouvoir politique a été profondément remise en cause au cours de la 2GM. Les événements avaient imposé au soldat de choisir, de prendre parti. Et en plus, victoire et gloire pour ceux qui n’ont pas obéi. La guerre d’Indochine et la défaite de Diên Biên Phu ont ensuite laissé des cicatrices qui ne se sont pas cicatrisées (sentiment d’avoir été trahi par le pouvoir civil, d’avoir combattu pour rien). On comprend pourquoi l’Algérie a pu devenir pour l’armée l’occasion de la revanche ; cette fois, elle n’est plus reléguée aux antipodes, dans un combat ignoré des français : elle est entourée par une société pied-noir chaleureuse qui voit en elle son unique salut. - l’armée entend assurer la pérennité de la présence française sur le territoire algérien. Pour cela elle a l’intention de promouvoir la population musulmane d’Algérie d’un point de vue civique, éco et soc. L’Algérie française sera une Algérie nouvelle, ce sera la terre de l’intégration où il n’y aura plus que des français à part entière. (Sous-entend d’abord répression su mouvement nationaliste algérien). 2. la montée de la peur en vue du putsch - au cours du mois de mai 58, l’idée s’est répandue qu’une des issues possibles à la crise était l’établissement d’une dictature militaire en Fce. Implique guerre civile par la même occasion étant donné qu’une bonne partie des français y est férocement opposée. => Grande peur en France. (Il faut prendre conscience de l’ampleur de la crise : elle est politique, militaire et morale. La Fce se divise). - la rumeur est devenue un bruit lorsque l’on apprend, le 24 mai que des parachutistes venus d’Algérie ont rejoint la Corse et ont aidé Pascal Arrighi à substituer à l’autorité préfectorale un comité de salut public. L’hypo d’une conquête de la métropole par l’armée d’Algérie, comme vingt ans auparavant celle de l’Espagne par l’armée franquiste venue du Maroc, prend alors consistance. On s’attend dans les jours suivants à un débarquement en force. Tout ce que la pays compte de réseaux et d’organisations favorables à l’Algérie frçse se mobilise et s’apprête à faire la jonction avec les soldats de Massu et de Salan. De plus, nombreuses complicités dans l’appareil d’Etat que l’armée possédait. Ainsi, le ministre de l’Intérieur Jules Moch, pense alors sérieusement à constituer des milices, tant les forces de police qu’il est censé diriger lui paraissent incertaines. Le plus haut responsable militaire après le ministre, le Gle Ely, aggrave l’affaiblissement de l’appareil d’Etat en donnant sa démission le 16 mai, ne voulant pas porter atteinte à la « cohésion » et à « l’unité des forces armées frçses ». - mise en place de l’opération « Résurrection », destinée à mettre la métropole sous la coupe de l’armée. Habitués à la guerre psychologique, les militaires continuent jusqu’au 29 mai leurs manœuvres d’ « intoxication ». Jules Moch est prévenu le 27 d’un débarquement aérien, dans la nuit du 27 au 28. Opération remise suite à un communiqué du Gle DG, lu sur les ondes le 27 à midi où il annonce son retour imminent au pouvoir. 3. une issue réellement possible ? - l’espérance de vie d’une dictature militaire en Fce risquait d’être faible. ⁃ cause n°1 : l’armée n’était pas toute rangée derrière Salan et Massu. Armée composée dans une large mesure par des hommes du contingent : rien ne permet de dire qu’ils auraient suivis les « putschistes ». ⁃ cause n°2 : les militaires auraient dû se battre sur deux fronts : contre les nationalistes algériens et contre les résistants métropolitains. Cette résistance eût été principalement prise en charge par le PCF encore puissant et habitué à l’action clandestine. Quelle dictature aurait pu tenir, ayant à se battre sur tous les fronts, sans oublier de faire tourner la machine éco, éviter la grève gle, remplir les caisses vides de l’Etat ? Epreuve de force aurait tournée à la catastrophe de la guerre civile, ce à quoi les militaires ne tenaient pas. Transition : l’armée n’a pas préparé le 13 mai. Elle n’a pas de solution politique à la crise. Juste le vœu de sauver l’Algérie frçse (comme si elle disposait « d’une sorte de droit d’arbitrage ou de veto » Raoul Girardet). Alors qu’au 13 mai l’armée ne songe pas à DG et que la pénétration gaulliste ne concerne qu’une minorité d’anciens des FFL, il faut noter avec quel empressement les généraux et officiers d’Alger saisissent la solution gaullienne. C’est le gaulliste Delbecque qui a poussé à Salan le 15 mai à crier « vive DG ! » devant la foule algéroise du forum qui repris ces paroles ne sachant à qui se vouer. (L’histoire veut que l’orateur hésitant à en appeler à DG ait senti comme le canon d’un revolver dans son dos qui n’était que le doigt de Delbecque). Ainsi l’armée saisi l’opportuniét de sortir de l’impasse dans laquelle elle s’était fourvoyée. Trois issues désormais : victoire d’un Nord trop désuni sur le Sud, victoire du Sud sous la forme d’une dictature plus ou moins militaire avec risque de guerre civile, ou un compromis : DG qui apparaît comme l'ultime sauveur, celui qui saura attirer sur lui la double confiance de Paris et d'Alger, celui qui permettra à chacune des deux parties de ne pas perdre la face, celui qui saura pacifier les esprits et redonner confiance à la Nation. III. L’appel à l’homme providentiel 1. les atouts de De Gaulle - DG était sans doute la seule personne à pouvoir remplir cette mission. Il détient trois atouts qui le désigneront rapidement à l'opinion publique puis à la classe politique comme l'aboutissement raisonnable de la crise : - une légitimité historique => pour la plupart des français DG est et restera « l'homme du 18 juin », celui qui a sauvé l'honneur de la Fce en 1940, qui a rétabli la Fce au rang des grandes puissances en 45. Et en plus, le discours de Bayeux a été jsutifié par l'instabilité ministérielle de la Iveme. André Malraux, François et Claude Mauriac, Robert Barrat, un certain nombre d'hommes de gauche qui ont combattu la politique de reconquête coloniale vont accorder leur confiance à DG en raison de son passé, qui est une assurance contre la dictature. - un charisme exceptionnel => son pouvoir de séduction s'est accrue avec cette « traversée du désert ». L'éloignement et le mutisme ont dignifié sa personne. Ses premières paroles sont attendues comme le jaillissement d'une source au milieu des sables (sic). Et DG connait toutes les ressources du verbe (il est d'ailleurs écrivain). Son inflexibilité et la façon dont il a gardé la tête haute face aux Alliés pendant la guerre font de lui « un roc ». - un sens tactique => DG va se révéler être un artiste de la politique. (cf point suivant III.2.) - toutefois il faut se garder de tomber victime du fait accompli. Si tout est lumineux après coup, au lendemain du 13 mai la solution DG ne s'impose pas d'emblée. 2. les manœuvres politiques - de nombreux gaullistes travaillent pour son compte. Le nom du Gle circulait dpeuis quelques mois dans les milieux de parlementaires et de journalistes. Par ailleurs les sondages révèlent une forte progression de sa crédibilité politique. Cependant l'hypo de son retour, appuyée en particulier par Jacques Soustelle et discutée notamment dans les colonnes de France-Observateur, restait fort improbable. On a vu que le 13 mai on ne songe pas encore à lui. A une exception cependant qui a valeur d'indice : l'ancien pétainiste Alain de Sérigny, directeur de L'Echo d'Alger lance un appel à DG dans le numéro de son journal du 11 mai. - les choses se concrétisent véritablement à partir du 15 mai et le « Vive DG ! » lancé par Salan et repris par la foule. En effet, DG relève sur le champ le vivat algérois. En fait il avait déjà préparé un communiqué, par lequel sans rien condamné de ce qui se passe à Alger, il se déclare « prêt à assumer les pouvoirs de la République ». Dès sa diffusion, DG portait un coup mortel à toute solution du type « défense républicaine ». Cependant, dans l'immédait la classe politique rejette la solution DG étant donné qu'il n' a formulé aucune condamnation de la mutinerie des généraux ( il n'a aucun intérêt à le faire car il a bien conscience qu'il remportera la partie que s'il se situe au point d'équilibre entre Paris et Alger, DG ne peut avancer ses chances qu'en raison même de l'insubordination de l'armée). DG ne peut apparaître comme une solution que dans la mesure où il accepte d'y mettre les formes : reconnaissance du gvt légal de Pflimlin, désaveu du Comité de salut public, respecter les règles constitutionnelles d'investiture. - le 19 mai, il se résout à une explication publique, en donnant une conférence de presse à l'Hôtel du Palais d'Orsay. Encore une fois, il se garde bien de prononcer toute parole qui pourrait embarrasser Alger, mais il s'emploie à dissiper les doutes sur la nature du gvt qu'il formerait : « croit-on qu'à 67 ans je vais commencer une carrière de dictateur ? ». L'argument est spécieux : le maréchal Pétain avait entrepris la sienne à l'âge de 84 ans, mais le ton est rassurant : « A présent, je vais rentrer dans mon village et m'y teindrai à la disposition du pays. » La brèche ouverte par le communiqué du 15 mai s'élargit : dans les jours qui suivent les prises de position en faveur de DG se multiplient (le 21 mai Bidault lui accorde sa confiance. Pinay de même le 22. Les deux leaders soc Mollet et Auriol adressent chacun une lettre personnelle au gle les 24 et 25 mai.) tandis que la tension montre entre l'Algérie et la France (Comité salut public en Corse le 24 mai) - Toujours problème par rapport désaveu de la sédition. Mais à la nouvelle qu'une opération militaire était projetée sur ¨Paris dans la nuit du 27 au 28, DG obtient de Pflimlin une entrevue secrète qui a eu lieu au château de St Cloud dans la nuit du 26 au 27. La menace d'une arrivée de parachutistes aidant on se rapproche d'un compromis. Cependant l'entretien se termine par un échec : Pflimlin n'a pu obtenir de DG la réprobation des rebelles. Mais DG convaincu de représenter la solution obligée ne prend pas en compte le désaccord persistant et prend tout le monde de vitesse par la publication d'un nouveau communiqué le 27 mai : « J'ai entamé hier le processus régulier nécessaire à l'établissement d'un gvt répu... ». De plus, il demande à l'armée de rester sagement disciplinée « sous les ordres de ses chefs : le gle Salan, l'amiral Auboyneau, le gle Jouhaud. ». Ce message, dont chaque mot avait été soigneusement pesé, rend l'appel à DG à peu près inévitable. Coty demande à Pflimlin de n'opposer aucun démenti. Les chefs de l'armée ajournent l'opération « Résurrection » tandis que les « républicains savent gré à DG d'en vouloir passer par les formes régulières de l'investiture ». - en deux communiqués (15 et 27 mai) et une conférence de presse (19 mai) DG a su retourner la situation en sa faveur. Dans la nuit du 27 au 28 mai , Pflimlin, prenant acte du départ de 3 de ses ministres, remet la démission de son gvt au psdt alors que l'Assemblée continue de lui accorder une confiance massive. Coty est convaincu qu'une seule issue est possible : l'appel à DG. Le 29 il adresse au parlement un message par lequel il avertit les élus qu'il résignerait ses fonctions dans le cas où cette solution serait repoussée. Manœuvre politique maladroite mais qui se révèle néanmoins efficace. DG est désigné le soir même pour former un nouveau gvt. - N.B : DG fera les concessions indispensables : malgré sa répugnance il se présentera en personne devant l'Assemblée le 1er juin (qu'il quittera dès son discours d'investiture prononcé), il promettra que dans la future constitution le gvt restera responsable devant l'Assemblée. Concessions qui s'imposent pour rallier majorité des parlementaires. 3. controverse Claude Bourdet / Hubert Beuve-Méry - dans le Monde du soir du 31 mai une controverse entre Bourdet et Beuve-Méry résume bien les positions du camp répu. Bourdet dénonce « un chantage odieux », celui de « l'épouvantail de la guerre civile », par le maniement duquel « DG dicte sa volonté au Parlement ». Il stigmatise la résignation qui se prépare « ce défi à la volonté populaire ». Une menace qu'il ne prend pas au sérieux, et qui rend la « capitulation » éventuelle « pire que celle de la Tchécoslovaquie à Prague, pire que celle de Vichy, car dans les deux cas la menace était infiniment plus réelle et plus effrayante que celle qu'on agite aujourd'hui ». A cette argumentation qui repose sur deux postulats invérifiés (volonté popu hostile à DG et danger guerre civile = bluff) le directeur du Monde, qui avait la veille avait expliqué son ralliement à l'appel de DG, rétorque : « En tout état de cause le maintien du statu quo n'était ni possible ni même souhaitable par la faute des républicains eux-mêmes. Entre la menace immédiate des luttes fratricides et l'espoir, si ténu qu'il soit, de les épargner au pays, nous avons choisi l'espoir. » Conclusion : - mai 58 est bien l'une des « fièvres hexagonales » qu'a connu la France. La crise du 13 mai apparaît comme la rencontre d'une crise rampante de structure (ingouvernabilité de la IVeme), et d'une crise explosive de conjoncture ( la guerre d'Algérie). Deux éléments nouveaux font de ce choc une crise de régime : l'absence de constitution d'un front de défense répu et l'armée politisée. - Le 1er juin DG se présente devant l'Assemblée et prononce un discours d'une concision sans précédent par lequel il demande des pouvoirs spéciaux en vue de la révision constitutionnelle et la mise en congé du parlement. Communistes mis à part tous les groupes politiques sont divisés. Finalement l'investiture est acquise par 329 voix contre 224. Dans les jours suivant, les 2 et 3 juin, l'Assemblée adoptait 3 textes complémentaires en faveur du nouveau gvt : pouvoirs spéciaux en Algérie, le droit de prendre par ordonnances pendant 6 mois toutes les mesures « jugées nécessaires au redressement de la nation », enfin le pouvoir constituant (avec contrainte de respecter certains principes fondamentaux + devra être soumis à un référendum). - ouverte le 13 mai la crise était achevée le 3 juin. Mais n'était ce pas qu'une apparence ? La guerre d'Algérie durera autant de temps sous la Veme que sous la IVeme. Quand DG prend le pouvoir en juin 58 il ne possède pas la solution à la crise algérienne. Il évoque seulement le 31 mai une solution fédérale « trouvant sa place dans une confédération englobant la métropole et les territoires d'outre-mer ».

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