samedi 29 mai 2010

Jaures et le socialisme francais

Jaurès et le socialisme français


Pistes d' Intro ;

*les origines du socialisme : C'est dans la première partie du 19ème
siècle qu'apparaissent les premiers courants socialistes en France. Les
premiers théoriciens socialistes (Saint Simon, Fourier, Cabet,
Leroux ...) manifestent une grande imagination; d'où leur appellation de
"socialistes utopiques". Les idées socialistes sont alors surtout des
jugements moraux dont l'influence dans les milieux populaires reste
marginale.
Après 1848, le combat pour la République, contre la monarchie et le
second Empire, se conjugue avec la lutte contre les nouvelles conditions
de travail engendrées par la Révolution Industrielle. Marx et Engels
proposent alors de rompre avec le "socialisme utopique" et de passer au
"socialisme scientifique" qui doit permettre, selon eux, de dégager
l'exigence du Socialisme des lois mêmes du développement du
capitalisme.
La reconnaissance du droit de grève en 1864 favorise le développement
des organisations ouvrières, mais la violente répression de la Commune
(20 000 morts en 1871) décime la section française de la première
Internationale créée en 1864.

*Socialisme français; particularités par rapport aux autres socialismes
européens ou internationaux notamment vis à vis de ses prises de
distances avec les syndicats .

Jaurès ; première grande figure du socialisme comme on l'etend à notre
époque + figure de la réunion du PS .

*Jaurès :Jean Jaurès est né à Castres en 1859 et mort à Paris en 1914,
normalien, agrégé, universitaire, issu d’une famille aisée. Il aurait pu
faire carrière au sein de l’université comme dans la politique.

Il fut cependant saisi par “l’épouvante sociale”. Député du “Tarn” à 25
ans, il défendit l’instruction publique, envisage un premier système de
retraites ouvrières et s’intéressa à la sécurité des ouvriers mineurs.


I Jaurès et sa progressive adhésion au socialisme (1885 / 1898)


*entrée dans le monde politique ; J.J formé intellectuellement durant ma
difficile naissance de la 3° République entre en politique à 25 ans en
tant que candidat républicain aux élections législatives de 1885 .Est
élu et siège avec les républicains opportunistes (où soutient
généralement Ferry ) . N'est pas réélu en 1889 .
a)La découverte du socialisme
Jean Jaurès reprend alors son enseignement à la faculté de Toulouse. Il
est reçu docteur en philosophie en et continue également son activité
politique. À partir de 1887, il collabore au journal La Dépêche du
Midide tendance radicale. Il devient conseiller municipal sur les listes
radicales-socialistes, puis maire adjoint à l'instruction publique de
Toulouse (1890-1893=. Ses travaux intellectuels, son expérience d'élu
local, sa découverte des milieux ouvriers et des militants socialistes,
l'orientent vers le socialisme . Cette évolution s'achève avec la grève
des mineurs de Carmaux.


b)La grève des mineurs de Carmaux ; l'adhésion définitive au socialisme
En 1892, quand éclate la grande grève des mineurs de Carmaux, Jean
Jaurès est à l'écart de la vie politique nationale. L'origine du conflit
est le licenciement d'un ouvrier mineur, leader syndical et socialiste
qui venait d'être élu maire de Carmaux. Le prétexte motivant le
licenciement est les absences de cet ouvrier , provoquées par ses
obligations d'élu municipal => licenciement est considéré par les
mineurs comme une remise en cause du suffrage universel et des droits
réels de la classe ouvrière à s'exprimer en politique.

Les ouvriers se mettent en grève pour défendre « leur » maire. Les
autorités républicaines envoient l'armée (1500 soldats) au nom de la
« liberté du travail ». La République semble ainsi prendre le parti du
patronat monarchiste contre les grévistes.

Dans ses articles à la Dépêche, Jean Jaurès soutient cette grève des
mineurs de Carmaux . Il accuse la République d'être aux mains de députés
et ministres capitalistes favorisant la finance et l'industrie aux
dépens du respect des personnes. Durant cette grève, il fait
l'apprentissage de la lutte des classes . et du socialisme . Arrivé
intellectuel bourgeois, républicain social, Jean Jaurès sort de cet
événement acquis au socialisme .

Le gouvernement arbitrera finalement au profit de cet ouvrier, le patron
et député démissionnera de son poste électoral et les ouvriers du bassin
appellent alors Jaurès à les représenter à la Chambre

Il est élu le 8 janvier 1893 en tant que « socialiste indépendant » .


c)Le premier mandat comme député socialiste de Jaurès (1893-1898)
Il milite avec ardeur contreles lois scélérates (lois visant à réprimer
le mouvement anarchiste )mais surtout, Jaurès se lance dans une
incessante défense des ouvriers en lutte. (par exemple, il défend les
verriers de Carmaux, participe à la fondation de la Verrerie ouvriere
d'Albi ,premier grand exemple d'entreprise coopérative.)

En 1898 il sera battu par le député qu'il avait détroné et perd donc son
mandat de député .



II Jaurès, le père du socialisme français


a) L'affaire Dreyfus
Au début de l'Affaire, Jaurès est convaincu de la culpabilité du
capitaine dreyfus . Jaurès utilise même la sentence de déportation,
qu'il juge clémente, pour dénoncer l'incohérence de la justice militaire
dans un discours à l'assemblée . Face à la campagne de révision, Jaurès
reste donc au départ en retrait. Mais, en 1898, le célèbre « J'accuse »
de Zola et ses conversation avec la jeune promotion normalienne et avec
des militants allemanistes (=socialistes révolutionnaires qu'il estime)
Jean Jaurès est convaincu de l'innocence de Dreyfus .Son choix réfléchi
et résolu est alors porté en faveur de Dreyfus et de la campagne
Dreyfusarde. Il fait comprendre au mouvement ouvrier et socialiste, par
le biais de son journal “L’Humanité” notamment (18 avril 1904) “pourquoi
son camp doit être celui de la justice, pourquoi il faut prendre sa part
de “l’humaine souffrance” afin de commencer à constituer cette humanité
qui “n’existe point encore ou […] à peine”. Pour lui, l'affaire est non
seulement un problème de justice individuelle, mais surtout de respect
de l'humanité elle-même ( pose le problème du mensonge et de
l'arbitraire des grandes institutions, notamment de l'armée) . Il
s'oppose alors à certains autres socialistes, dont Jules Guesdes .

Avec l'affaire Dreyfus, Jaurès devient un homme politique à l'influence
nationale.


b)Le socialiste, soutien de la République
Battu aux élections de 1898 (l' installation de la Verrerie ouvrière à
Albi et son ardente défense de Dreyfus ont provoqué sa défaite), Jaurès
se consacre au journalisme et devient co-directeur de La petite
républiqueun journal socialiste républicain.

Parallèlement, il dirige une Histoire socialiste de la France
contemporainepour laquelle il rédige les volumes consacrés à la
révolution Française .

En 1902, Jean Jaurès participe à la fondation du Parti Socialiste
français . La même année, il parvient à reconquérir le siège de député
de Carmaux qu'il conserve d'ailleurs jusqu'à sa mort (réélu en 1906,
1910 et 1914). Son talent d'orateur lui permet de devenir le
porte-parole du petit groupe socialiste de l'Assemblée nationale.

Jaurès et son PSF s'engagent nettement en faveur du bloc des Gauches
(c'est la première fois que des socialistes deviennent ministres) Jaurès
participe à la rédaction de la loi de séparations des Églises et de
l'État . Cependant, Jaurès et les autres socialistes sont déçus par la
lenteur des réformes sociales. Le dynamisme du bloc des Gauches
s'épuise, de plus, le rapprochement politique avec un gouvernement
"bourgeois" allant jusqu'à la participation gouvernementale est,
condamnée par l'internationale socialiste .


c)La création de l'Humanité et l'unification du mouvement socialiste
En 1904, Jaurès fonde le quotidien L'Humanitéqu'il dirige jusqu'à sa
mort. Jaurès sous-titre son journal "quotidien socialiste" et l'utilise
pour accélérer l'unité socialiste.

Celle-ci est réalisée sous pression de la deuxieme internationale au
congrès du globe (avril 1905) avec la création de la SFIO, unifiant les
différentes sensibilités socialistes de France.

Jaurès partage la direction de la SFIO avec le marxiste Jules Guesde .
La SFIO fait sienne le constat de la lutte des Classes et s'affirme
clairement internationaliste. Dirigeant politique important, il engage
le dialogue avec les syndicalistes révolutionnaires de la CGT. En 1914,
la SFIO rassemble 17% des voix et obtient 101 sièges de députés.


d)Le pacifisme
Jaurès lutte contre la venue de la guerre les dix dernières années de sa
vie. Il est très préoccupé et inquiet face à la montée des nationalismes
et par les rivalités entre les grandes puissances . Il mène une
vigoureuse campagne contre la « loi des 3 ans » de service militaire,
défendue ardemment par le député Emile Driant . La loi est votée en 1913
malgré le rassemblement du Pré-Saint-Gervais le 25 mai 1913, où Jaurès
fait un discours devant 150 000 personnes.

Jaurès tente d'infléchir dans un sens favorable à la paix la politique
gouvernementale. Il rappelle le mot d'ordre de grève generale décidé par
l'internationale ouvrière en cas de déclenchement de la guerre.


III Les idées socialistes de Jaurès: le Jaurésisme


a) Un marxisme à la française ?

Le socialisme de Jean Jaurès mêle le marxisme aux traditions
révolutionnaires et républicaines françaises. Le socialisme de Jaurès
est souvent qualifié d'«humaniste» avec ses références constantes à la
DDHC et à la révolution française dont il fut l'historien.

Jaurès retient du marxisme l'idée du danger de la concentration
capitaliste, la théorie de la valeur et la nécessité de l'unité du
prolétariat. Jaurès est évidemment favorable à des lois de protection
sociale. Il souhaite aussi une collectivisation volontaire et partielle.
Il veut la démocratisation de la propriété privée et non sa destruction
et il est attentif aux mouvements coopératifs (Verrerie ouvrière
d'Albi).

Socialiste, Jaurès dénonce le contraste entre l’énorme misère du
prolétariat industriel et l’insensibilité sociale de la bourgeoisie.
Pendant une longue époque du dix-neuvième siècle, la défense égoïste de
ses privilèges a poussé la bourgeoisie à vouloir imposer le silence au
prolétariat en lui interdisant le droit de grève et le droit syndical
(qui ne sera reconnu qu'en 1884). Dans son livre intitulé Jean Jaurès,
un combat pour L'Humanité, Pascal Melka montre en quels termes Jaurès
dénonce cette situation dans sa plaidoirie au procès qui a opposé en
1894 le journaliste Gérault-Richard au Président de la République
Casimir Périer :

Et vous vous étonnez de la véhémence de nos paroles, de la force de nos
accusations! Mais songez donc que nous parlons au nom d’un siècle de
silence! Songez donc qu’il y a cent ans il y avait dans ces ateliers et
dans ces mines des hommes qui souffraient, qui mouraient sans avoir le
droit d’ouvrir la bouche et de laisser passer, en guise de protestation,
même leur souffle de misère : ils se taisaient. Puis un commencement de
liberté républicaine est venu. Alors nous parlons pour eux, et tous
leurs gémissements étouffés, et toutes les révoltes muettes qui ont crié
tout bas dans leur poitrine comprimée vibrent en nous, et éclatent par
nous en un cri de colère qui a trop attendu et que vous ne comprimerez
pas toujours.



b) un socialisme républicain ?

Jaurès conçoit, par ailleurs, le passage au socialisme dans le cadre de
la République parlementaire. Attaché aux traditions républicaines
françaises, il n'est cependant pas centralisateur (comme le montrent ses
idées sur l'enseignement des langues régionales).

Si Jean Jaurès emprunta à Karl Marx son concept de l’évolution
révolutionnaire et fut un chantre de la laïcité. Gilles Candar,
président de la société d’études jaurésiennes, souligne dans son étude
“Jaurès l’initiateur” (Le Nouvel Observateur, mai 2010): “Avec Briand,
il fait voter une loi de séparation des églises et de l’Etat (1905) qui
reste à la base de notre identité laïque moderne, malgré les remises en
cause d’une droite revancharde: liberté de conscience et garantie de
libre exercice des cultes sans reconnaissance.

Il ne refuse pas l’Etat, mais ne l’idolâtre pas non plus. Il se situe au
point d’intersection entre les socialistes collectivistes et ceux
d’abord soucieux des droits de l’individu.

C’est la démocratie qui doit arbitrer. Il est un des premiers à
envisager le développement de la diversité pédagogique au sein de
l’école publique.

il aspire à une liberté des patries au sein des gouvernements
internationaux, prélude à une organisation universelle de l’humanité qui
rompt avec le sentiment dominant de supériorité occidentale. Il n’est
pas l’homme du parti, mais il est l’homme de l’Internationale (sans
responsabilités).


Conclusion: jaurès fut un des leaders du socialisme français et un
brillant orateur, courageux et batailleur. Il fonda le Parti socialiste
français en 1901, le journal “L’Humanité” en 1904 puis dirigea avec J.
Guesde et E. Vaillant le Parti Socialiste “SFIO”, créé en 1905. Il a
soutenu et conseillé les ouvriers en grève, défendu la réduction de la
journée de travail (à 10 heures), le droit de la retraite, les
conditions de vie moins pénibles et plus dignes...

Hostile à la politique coloniale et à la guerre, il fut assassiné par le
nationaliste Raoul Villain, le 31 juillet 1914. Sous sa direction fut
publié de 1901 à 1908: “Une histoire socialiste” où d’un point de vue
socialiste, il raconte les événements qui se développent de 1789 jusqu’à
la fin du 19ème siècle.

=> La continuation de Jaurès après sa mort : question de ce qu’aurait
fait Jaurès par rapport à l’union sacrée. On ne cherche pas quelqu’un
d’autre, mais un « nouveau Jaurès »

Si de Leroux à Jaurès, en passant par Proudhon et Malon, un fil court
dans ce socialisme français, c’est bien une certaine morale que Marcel
Mauss, l’ami de Jaurès et le neveu de Durkheim, identifiera comme une
« morale du don », comme le socle universel du lien social.

Le président de la société jaurésienne le présente en tant que “Notre
contemporain” soulignant en substance: “A la fois théoricien et homme
d’action, il a initié ce que peut signifier une politique de gauche dans
une démocratie capitaliste évoluée”.
Dommage que la France n’a plus d’homme politique de la taille de Jean
Jaurès.

1 commentaire:

  1. Nous allons avoir le plaisir d’éditer un livre écrit par un homme politique, figure illustre de la ville de Carmaux (celle de Jean JAURÈS)

    Jacques GOULESQUE
    Ancien maire, ancien Conseiller général de Carmaux

    Nous pensons que l’annonce et la présentation de cet ouvrage, dont la sortie est prévue début octobre, trouveront toute leur place dans votre blog, ami de la mémoire de Jean Jaurès.
    Ce n’est pas un livre de mémoire (Wikipedia est là pour ça) mais l’esprit et la petite musique qui doivent accompagner la mémoire, par ceux qui ont vécus le XXe siècle.

    Si vous êtes de cet avis, voulez vous me le confirmer par mail et je vous enverrai les informations complètes avant la sortie du livre.

    Éditorialement vôtre,

    Marcel GILLET

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